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paysages et écriture
21 avril 2011

Apprentissages

Elle commença le travail chez un patron modèle, paraît-il très proche de ses employés. Elle était intérimaire et devait faire des recherches sur Internet.
Tout débuta bien, elle arrivait à trouver des sites intéressants puis elle imprimait tout ça et essayait de le classer par thèmes. Elle trouvait des extraits de livres, des fragments, des textes en suspension avec leurs petits points bien rangés, des textes parfaits qu'elle ne savait pas apprécier, des proses poétiques, des études scientifiques.
Quand il passait voir si la documentation avançait, il cachait son agacement mais qu'allait-il faire avec des documents si divers, il fallait une cible, des textes concentrés autour d'un même sujet. Mais elle s'était prise au jeu et cherchait ce qui lui faisait plaisir, surtout des écrits poétiques et elle faisait aussi son petit truc personnel en rêvant elle aussi de mille choses diverses.
Non, elle n'était pas efficace dans cette recherche, elle avait l'impression de ne pas entendre les désirs de son patron, elle ne travaillait pas selon la raison et passait un temps fou sur de petits sites originaux. Et puis comme elle était plutôt dans la lune, elle mélangeait ce qu'elle avait récupéré pour elle avec ce qu'elle avait récupéré pour lui.
Quand elle entendait ses pas dans l'escalier, elle sursautait et essayait de faire un effort pour compiler tous ces papiers. Parfois , il montait à pas de loup et la trouvait rêvant devant quelques reproductions de peintures. D'autres fois, elle dormait carrément sur sa chaise. Elle culpabilisait et se promettait de faire des heures supplémentaires. Il lui donna une date butoir, au 15 Mai, elle devrait avoir rassemblé tous les documents nécessaires pour qu'il puisse travailler ; il lui était impossible de travailler avec ces éléments parcellaires.
Quand il rentrait dans le bureau cet homme grand, maigre, souriant, passionné par son travail, elle était à l'aise.Tout se passait bien, tout s'éclaircissait.
D'autres fois, quand il rentrait, le visage pâle, ténébreux, ombrageux, les yeux jaunes, il fallait se méfier.
Ce jour là, tout allait mal et il ne trouvait rien à son goût. Il fallait s'attendre à une foule de questions plus énigmatiques les unes que les autres. Elle se trouvait dans la position de la petite écolière du primaire qui avait faux à son problème et qui ne savait pas le cheminement de pensée nécessaire pour trouver la solution. Il était vrai que ses questions la déstabilisaient, elle ne savait plus rien, elle ne comprenait plus rien, elle faisait du cinéma dans sa tête sans image et elle se disait :" Qui est cet homme ? "
Devant son bouleversement quand elle arrivait du travail, son mari posait lui aussi des questions, elle le tranquillisait.
Que se passait-il ? Ce patron était-il si difficile ou était ce sa femme qui ne prenait pas son travail au sérieux ?

( fiction 2004 )

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