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paysages et écriture
27 avril 2011

Désir de beauté

L'eau ne voulait rien ignorer mais que savait-elle ?
Savoir quoi ?
Dans la douce intimité avec la terre, ne voit-elle pas sa petitesse. Dans le doux échange avec le ciel, ne voit-elle pas l'avenir.
Désir, désir, de beauté, de lumière.
Ne pas finir dans le précipice !
S'imprégner des parfums fleuris.
Courir en cherchant de ci de là quelques minéraux pour s'enrichir : sodium, potassium et un peu de calcium pour se consolider car la faiblesse est là ainsi que le stress de ce long voyage.
Combien de temps ? combien de jours ? ensuite le repos, l'anéantissement ou l'espoir.
Comment connaître cet océan infini où elle va s'abandonner en vieillissant.
Elle aimerait courir en riant mais parfois je l'entends sangloter en proie à la peur de disparaître dans de terribles sécheresses ou bien canalisée par un barrage, prisonnière à jamais, polluée par les pêcheurs et les touristes, ne pas devenir un lac de putréfaction.
Je l'entends se fâcher contre les barrières des castors ou des enfants : " Laissez moi passer, enlevez ces branchages "
Cherche-t-elle un maître pour apprendre à se libérer de tous les liens, de toutes les embûches.
Un oiseau ?
Bien sûr, elle l'admire mais lui ne cherche qu'à s'abreuver dans son lit.
" Je vais me calmer, rien ne sert de courir ! "

L'eau ne veut pas chanter, elle a perdu la mémoire des notes de musique; elle va nonchalamment et s'étire paresseusement.
Grise, sale polluée, on ne la reconnaît plus.
Verdâtre, rougeâtre et quelques taches noirâtres, elle donne la nausée.
ça sent mauvais, sa toilette est mal faite, sa chevelure toute huileuse, ses bras sont couverts de pustules. Elle ne coule plus, elle ne rit plus. Fini les confidences matinales et les berceuses du soir.
On projette de la faire disparaître, on ne peut rien pour la purifier. C'est fini, on va combler ces étangs marécageux peuplés d'oiseaux. Tous ces habitants partiront pour une autre contrée, les poissons seront vendus mais au fait reste-t-il encore des poissons ? cela paraît impossible ; peut-être des crapauds et encore, c'est une eau qui donne la mort.
On l'a tuée, on s'est acharnée à la détruire depuis une dizaine d'années.
On gagnera des terres cultivables mais un jour, peut-être prendra-t-elle sa revanche.
( 2003 )

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